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La télé-expertise au service de la santé des femmes 

Retour sur l’intervention de Pauline D’Orgeval, fondatrice et dirigeante de deuxième avis. Elle souligne les défis liés aux diagnostics et aux prises en charges des pathologies féminines comme l’endométriose et le SOPK et l’émergence d’une demande croissante pour des avis spécialisés via la télé-expertise pour ces pathologies.

« On a référencé une quinzaine de radiologues spécialisés en endométriose et on a sur cette partie-là 66% de divergence par rapport au premier diagnostic posé »

Pauline d’Orgeval vous êtes le cofondatrice et dirigeante de Deuxième avis. Vous pouvez nous rappelez ce qu’est Deuxième avis, comment ça fonctionne ?

 

Pauline d’Orgeval Intervenante Université de la e-Santé 2023Deuxième avis est un service qui permet aux patients ou à leurs médecins de transférer un dossier et d’avoir accès à des médecins référents dans leur pathologie qui vont donner un avis sur la base d’un dossier complet en moins de 7 jours.

Et une très belle réussite en matière de développement, c’est plus de 30 millions de personnes en France qui peuvent bénéficier de vos services. Aujourd’hui c’est une pathologie féminine qui est chez vous la première cause de recours à Deuxième avis ?

Effectivement, c’est l’endométriose. Ça fait trois, quatre ans qu’on entend vraiment parler de l’endométriose, que les médecins généralistes, les gynécologues ou les sages-femmes font des recherches sur cette pathologie.

L’endométriose c’est des douleurs, extrêmement importantes, mais pas que malheureusement, c’est aussi des risques d’infertilité, des problèmes digestifs. Ça va altérer l’humeur, la santé mentale. Ce n’est pas un symptôme, entre guillemets, d’une femme qui aurait ses règles et qui aurait quelques douleurs. On n’est pas du tout là-dedans ?

Oui effectivement mais comme majoritairement les gynécologues étaient des hommes le fait d’avoir mal, était normal. Vous avez vos règles, vous avez mal, c’est normal. Maintenant, on réalise que c’est une vraie pathologie. Chez Deuxième avis ça a émergé en quelques années sur deux sujets. D’abord, le diagnostic, parce qu’une échographie pelvienne ou une IRM pelvienne, si elle est interprétée par un radiologue qui ne connaît pas l’endométriose, il va conclure à une absence d’endométriose. Et ensuite sur la prise en charge derrière qui est aussi compliquée. On a référencé une quinzaine de radiologues spécialisés en endométriose et on a sur cette partie-là 66% de divergence par rapport au premier diagnostic posé

« Comme majoritairement les gynécologues étaient des hommes le fait d’avoir mal, était normal. Vous avez vos règles, vous avez mal, c’est normal »

Deux tiers des avis sont différents du premier avis posé ?

Oui, il y a une absence de diagnostic par un radiologue qui ne connaît pas la pathologie ou il y’a une endométriose profonde que le radiologue ne voit pas. Donc c’est énorme. Et puis après, on est aussi sur la prise en charge après le diagnostic. On a aussi référencé des gynécologues spécialisés qui vont proposer des conseils, une prise en charge adaptée. Et là aussi, on a une grosse divergence. Il y a beaucoup d’indications opératoires avec des complexités et une qualité de vie qui peut être aussi altérée alors qu’il existe un accompagnement de lutte contre la douleur.

Lorsque vous avez lancé Deuxième avis, vous imaginiez que ce serait cette pathologie qui serait dans le top des avis demandés ?

Pas du tout ! Les autres sources d’avis, c’est principalement l’orthopédie et la cancérologie. Je pense que pour l’endométriose c’est lié à deux choses. On en parle beaucoup, mais surtout, c’est des femmes jeunes, qui sont très présentes sur les réseaux sociaux, qui se sont constituées en associations très actives, ce qui fait que le bouche-à-oreille est allé très vite. Encore une fois, en trois ans, on est connu des gynécologues, des sages-femmes, et évidemment des patientes elles-mêmes, qui se refilent le bon tuyau en disant va faire interpréter ton dossier sur Deuxième avis.

« On en parle beaucoup, mais surtout, c’est des femmes jeunes, qui sont très présentes sur les réseaux sociaux, qui se sont constituées en associations très actives, ce qui fait que le bouche-à-oreille est allé très vite »

Autre pathologie qui fait l’objet, elle aussi, de nombreuses demandes chez Deuxième avis, c’est le SOPK, le syndrome des ovaires polykystiques. Pareil, en quelques mots, si vous pouvez nous rappeler ce que c’est et pourquoi on vient vous demander un deuxième Avis ?

C’est une maladie qui touche une femme sur dix en âge de procréer, donc pour moi c’est la nouvelle pathologie dont on va beaucoup parler et qui a des répercussions sur l’infertilité. C’est une maladie d’origine endocrinienne, qui a des conséquences parfois sur la pilosité des femmes et sur le poids, donc des répercussions quand même très importantes sur la qualité de vie. On a encore peu de demandes, mais on sait que ça va exploser. Finalement, on en parle de plus en plus et on sait que c’est une pathologie qui touche beaucoup de femmes. Il y a une prise de conscience du corps médical et du coup des patientes qui vont chercher à savoir si elles sont atteintes de cette pathologie.

« 70% des gens qui demandent des avis sur Deuxième avis sont des femmes »

Il y a les cancers, la ménopause pour laquelle on vient aussi demander un deuxième avis. Tout ce qui est pathologie vulvaire, etc. ?

Exactement, tout ce qui touche à la fertilité, même si je dois dire que l’infertilité est aussi très souvent mise sur le dos de la femme, alors qu’en fait c’est un problème évidemment très partagé et ça peut être lié aussi à l’homme. Donc effectivement, on est sur tout ce qui est pathologie féminine. 70% des gens qui demandent des avis sur Deuxième avis sont des femmes.

« Sur les 700 pathologies qui sont ouvertes sur Deuxième Avis, 40% concernent des pathologies féminines »

Est-ce que vous imaginiez ce chiffre lorsque vous avez lancé Deuxième avis et comment vous l’analysez ?

Le premier biais est que nous avons une majorité de demandes pour l’endométriose, c’est donc des patientes. L’autre biais est que c’est la femme qui prend soin des autres, c’est elle qui fait des demandes pour elle, peut-être parce que ça prend moins de temps de demander un avis sur dossier, mais aussi pour sa famille.

Vous disiez deux chiffres. Le premier, c’est celui-là. 70% des demandes concernent des pathologies féminines, sont émises par des femmes. Et l’autre chiffre ?

Sur les 700 pathologies qui sont ouvertes sur Deuxième Avis, 40% concernent des pathologies féminines.

Quel regard vous posez dessus ? Parce qu’elles sont maltraitées, entre guillemets, par le système habituel de santé ?

Elles sont moins connues, donc elles nécessitent une expertise spécifique. On est tout à fait le bon service pour permettre d’accéder à cette expertise spécifique.

S’il y a des pathologies spécifiques, c’est qu’il y a un marché aussi derrière qui existe, un marché à conquérir ?

Plus une réalité qu’un marché !

Quels sont vos chiffres clés justement qui illustrent cette demande qui existe et un marché derrière ?

Depuis le Covid, on fait fois deux chaque année en termes d’usage et on considère qu’on est encore au démarrage du marché. Cette année, nos 300 médecins référencés vont rendre 8000 avis. Mais potentiellement, il y a 24 millions de consultations d’experts en France et on considère que la moitié pourrait être faite sur dossier. Donc, vous voyez, on a encore de la marge et un beau marché devant nous. Nous sommes 25 personnes dans la société. Et puis, comme vous l’avez dit, on a surtout trouvé un modèle économique puisque on a la chance que le service soit pris en charge par les mutuelles dans le cadre de contrats santé ou prévoyance. On couvre pour l’instant 30 millions de patients qui ont accès gracieusement aux services. Donc ça, c’est formidable. Une belle levée de fonds aussi, on en est à 4,5 millions de levée. Donc oui, une belle levée de fonds, mais c’est beaucoup moins que les levées de fonds « masculines » globalement.

« Cette année, nos 300 médecins référencés vont rendre 8000 avis. Mais potentiellement, il y a 24 millions de consultations d’experts en France et on considère que la moitié pourrait être faite sur dossier. Donc, vous voyez, on a encore de la marge et un beau marché devant nous »

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