Comment s’est déployé le Ségur numérique, en région et plus particulièrement en Occitanie ?

Le Ségur numérique a été mis en œuvre, en Occitanie, dans le cadre d’un partenariat de proximité noué avec l’Assurance Maladie et le GRADeS Occitanie depuis plusieurs années. Nous avons réussi à nous coordonner ensemble sur le territoire grâce aux délégués du numérique en santé de l’Assurance Maladie et aux animateurs territoriaux du GRADeS. À partir de là, nous avons élaboré une feuille de route commune et en lien avec les objectifs fixés et délivrés par la Délégation du numérique en santé aux régions.

4 grands objectifs nous ont rassemblés ces deux dernières années :

• Favoriser une mobilisation collective de l’ensemble des acteurs (professionnels de santé, éditeurs, institutionnels comme citoyens) par le développement d’actions d’acculturation, de sensibilisation et d’informations sur l’échange et le partage des données de santé.

• Atteindre rapidement une masse critique de Dossiers Médicaux Partagés (DMP) alimentés. Cette alimentation devait venir des différents acteurs de santé tels que les établissements de santé ou médico-sociaux, les laboratoires de biologie médicale, les centres de radiologie, les médecins, les pharmaciens etc.

• Porter l’ambition d’un numérique inclusif par le développement d’actions et notamment via un réseau d’ambassadeurs.

• Renforcer la cybersécurité afin que le partage des données puisse se faire dans un cadre sécurisé et éthique.

Parmi ces quatre objectifs, y’en avait-il des plus prioritaires que d’autres ?

Ils étaient tous prioritaires ! C’était une feuille de route très ambitieuse, ça l’est toujours mais ce sont vraiment les quatre grandes typologies d’objectifs que nous avons mis en place.

En pratique, avez-vous des exemples concrets à nous donner ?

Comment peut-on finalement quantifier la réussite ? Il n’est pas évident de répondre à cette question. Pourtant, si on regarde les résultats en arrière, trois constats principaux ressortent :

1. La couverture du DMP s’est élargie. Nationalement et cela vaut aussi en Occitanie, 97 % des usagers ont un profil sur Mon Espace santé ouvert.
2. L’alimentation de la partie « Mes documents » du service Mon espace santé a fortement progressé. À fin mars 2024, en Occitanie, environ 73 % de DMP étaient alimentés par au moins 1 document.
3. Les patients semblent aussi prendre en main leur carnet de santé numérique. Ils le consultent, le mettent même à jour et l’alimentent.

Globalement, nous assistons donc à une bonne appropriation de ces services, de la part des professionnels de santé et des citoyens !

En termes de réussite et plus spécifiquement en Occitanie, 3 exemples peuvent être cités. Tout d’abord, la Haute Garonne a fait partie des 5 départements français à expérimenter Mon espace santé. Cela nous a permis d’obtenir les bases d’un déploiement réussi et de challenger la région !

Deuxièmement, les établissements de notre région ont été accompagnés à hauteur de 39 millions d’euros dans le cadre de 2 programmes. Le programme SUN ES : « Ségur Usage Numérique en Etablissements de Santé » et le programme ESSMS numérique : « Établissements et services sociaux et médico-sociaux ». Ce qui nous a permis d’alimenter le DMP en documents essentiels à la prise en charge des patients et à leur bonne information. Aujourd’hui, 80 % des établissements de santé en Occitanie sont engagés dans le programme SUN ES, et 35% des ESMS dans le programme ESMS Numérique.

Enfin, nous avons 79 % des établissements de santé qui sont équipés d’un dossier patient informatisé, référencé Ségur !

Et du coup quelle a été la plus grande difficulté rencontrée ?

D’un point de vue collectif, au niveau de la région, la principale difficulté a été de tenir des objectifs très ambitieux, fixés au niveau national, et ce dans un calendrier très contraint ! Tout ce que nous avons accompli s’est fait en seulement deux ans.

Cette contrainte a également été une source de motivation. Cette difficulté nous a permis d’arriver aux résultats d’aujourd’hui ! Et puis il y a un pilotage fort réalisé par le Ministère sur ces objectifs régionaux et avec un partage entre régions. Nous avons des échanges réguliers entre nous, des retours d’expérience, de bonnes pratiques. Ils nous ont permis et nous permettent encore de faire évoluer nos plans d’actions, en testant et en capitalisant sur ce qui a fonctionné dans d’autres territoires, d’autres régions.

Quelles sont vos ambitions pour les mois, les prochaines années à venir ?

Les premiers services socles sont toujours en cours de déploiement et les premiers usages sont extrêmement intéressants et prometteurs !

Il reste du travail car les usages sont encore trop insuffisants pour accompagner globalement la transformation du système de santé. Nous devons continuer à accompagner l’appropriation de ces services. Toutes les actions autour de la sensibilisation, de la formation des professionnels et de l’accompagnement des citoyens doivent être nos priorités.

Notre conviction à l’ARS est que la transformation numérique en santé n’est pas une fin en soi mais doit plutôt être au service d’organisations qui sont établies ! Pour cela, l’enjeu fort est de préserver la relation soignants/soignés avant tout. Mettre le côté humain au centre de la relation.

Pour les 5 années à venir, le défi pour nous tous au sein de l’ARS Occitanie va être de fournir des services numériques qui soient adaptés aux professionnels de santé et qui permettent de leur redonner du temps médical au service des patients !