Souvent les Tiers Lieux sont connus comme étant des lieux coopératifs ou mutualisés. Notre Tiers Lieu tiendra un peu de cela mais sous une forme plutôt virtuelle.
C’est un endroit qui réunira différents acteurs afin de permettre la réalisation d’expérimentations numériques en santé. Peut-être aurait-on pu l’appeler « Centre d’Expérimentations » plutôt que Tiers Lieux, mais cette expression de Tiers Lieu met bien en lumière le caractère coopératif de notre action. L’idée en tout cas est de fournir un moyen de se réunir. Dans notre projet, les acteurs sont : le Centre Hospitalier Intercommunal de Castres-Mazamet, la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Sud Tarn, l’EHPAD Agir, le Gérontopôle et l’école d’ingénieur ISIS. Ce sont des acteurs qui travaillent ensemble depuis de nombreuses années pour organiser des filières de soins.
Cet appel à projet était l’occasion de donner une structure, une cohérence aux actions, ainsi qu’une visibilité à cette dynamique territoriale au travers du Tiers Lieu.
Les acteurs dont je viens de parler ont tous une action spécifique autour du soin et notamment des personnes âgées. Ce qui est relativement spécifique à notre territoire, c’est son caractère rural, un peu isolé. Il présente une grande part de ruralité, un renouvellement générationnel faible et une proportion de personnes âgées importante. Le développement, déjà ancien, d’une filière de prise en charge des personnes âgées est pour tous une évidence autant qu’une nécessité.
De fait, la thématique de notre Tiers Lieu s’est focalisée autour de la personne âgée en milieu rural ou isolé. C’est vraiment notre cible.
Ce caractère rural est quelque chose d’assez spécifique. En, effet, parmi les 25 tiers-lieux lauréats en France, il y a très majoritairement des CHU et des groupes nationaux. Nous sommes le seul Tiers Lieu où le chef de file est un Centre Hospitalier. Cela n’existe pas ailleurs et est inhérent à notre cible car il n’est pas possible d’être dans un grand centre urbain et proposer une expérimentation en milieu rural. C’est ce qui fait notre spécificité et j’espère demain notre force !
En janvier 2024, nous avons été informés que nous étions lauréats de la deuxième vague de l’appel à projet. Aujourd’hui, il y a des étapes réglementaires à passer et que nous préparons. Celle d’abord administrative, avec la vérification de la conformité des aides d’État. La loi européenne doit veiller à ce que cette aide ne vienne pas fausser la concurrence. Il va y avoir aussi la contractualisation du CHIC avec la Banque des Territoires. Enfin, l’accord de consortium viendra lister les rôles et les responsabilités de chacun des acteurs dans le Tiers-Lieu.
En parallèle, Mr David Teuma, Directeur des Affaires Financières du CHIC, et moi-même, nous attelons à construire le Tiers-Lieu. Nous avons participé à la réflexion et la conduite de l’appel à projets. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase de préfiguration et commençons la mise en œuvre définie lors de la candidature. Nous lançons les recrutements d’un coordinateur et d’un ingénieur pour la mise en expérimentation qui incarneront le Tiers-Lieu. (Le Tiers-Lieu va ainsi être incarné et vivre à travers ces personnes.)
Pour l’instant, deux expérimentations sont programmées :
Ces deux outils ont été « expérimentés » à différentes phases de leur maturité. D’abord au niveau de l’idée, du concept. Après, en tant que prototype, puis via une expérimentation dans un laboratoire technique. À la suite de ces étapes, lors d’expérimentation sur des petites cohortes, dans des unités de soins ou un Ehpad. Aujourd’hui, on lance des expérimentations sur des profils de patients spécifiques.
Ces expérimentations font l’objet de financements tout comme le Tiers-Lieu. Le financement est acquis seulement pour 3 ans. Au bout de ces 3 ans, nous devons être capables de trouver d’autres sources de financement pour continuer à faire vivre RI2S et assurer la pérennité de ce Tiers-Lieu !
Ah oui ! Dès lors qu’il y a financement il y a effectivement restitution d’éléments de suivi et d’indicateurs. La Banque des Territoires nous a déjà annoncé qu’elle réunira les Tiers-Lieux de façon régulière pour faire pour partager nos avancées. Nous aurons donc des éléments de justification à fournir comme : le nombre d’études, le nombre de patients, l’évolution de la maturité des solutions au travers de l’expérimentation, le nombre de publications, etc.
S’agissant des expérimentations, les industriels ont besoin de tester en vie réelle certains éléments de leur produit, comme l’acceptabilité sociale par exemple. On peut avoir le meilleur outil au monde en termes de prévention des chutes des personnes âgées, si on découvre qu’il est extrêmement intrusif et que des gens n’acceptent pas et bien c’est raté.
Le Tiers-Lieu va offrir aux industriels un moyen de réaliser ce type d’évaluation. Pour des produits très jeunes, le Tiers-Lieu permettra de montrer un bénéfice médical.
Nos étapes réglementaires nous amènent à juin. A partir de cette date, nous commencerons le cadrage des expérimentations. A l’automne, nous sélectionnerons de nouveaux industriels pour De nouvelles expérimentations.
En tout cas, c’est un projet très intéressant, valorisant, motivant, qui est au cœur de notre territoire et des besoins de sa population et plus largement des besoins des patients âgés en milieu rural.
