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La digitalisation du Système de santé Catalan 1ère partie

Joan Guanyabens est le directeur de la Fondation TIC Salut qui gère et coordonne les principaux projets de transformation numérique du département de la santé Catalan. Dans cet entretien qu’il nous a accordé en 2023, il nous offre un aperçu de la transformation numérique du système de santé et sa vision de l’innovation.

« Pour nous l’innovation n’est pas seulement une bonne chose à améliorer, c’est une nécessité ! »

Joan Guanyabens, vous dirigez la fondation TIC Salut en Catalogne, vous pouvez nous expliquez en quelques mots comment fonctionne la numérisation du système de santé Catalan ?

Joan Guanbayens, directeur de la Fondation Tic Salut

Nous avons commencé il y a plusieurs années la numérisation du système de santé et nous pouvons dire aujourd’hui que nous avons une belle plateforme gérée par l’administration publique ou pratiquement toutes les informations concernant le citoyen et le patient sont intégrées. Cela signifie que nous avons un index national des patients en cours d’exécution et également un dossier médical partagé permettant aux professionnels de partager toutes les informations sur le réseau.

Le réseau de santé de Catalogne est très particulier. Il est très, très fragmenté. Cela peut être une bonne chose mais cela implique que nous avons beaucoup de difficultés à intégrer toutes les informations. Il y a beaucoup d’entités, beaucoup d’organisations, à but non lucratif, à but lucratif, gérées par le gouvernement ou par l’église qui travaillent avec les ressources publiques. Notre intérêt est de les intégrer au mieux autour du citoyen et du patient.

En ce moment, nous avons un plan national avec un dossier médical partagé ou nous partageons toute l’imagerie médicale de la radiologie et nous commençons aussi à intégrer les pathologies et toutes les prescriptions via un système national. Le plus important pour nous, et c’est peut-être ce qui est différent avec la France, c’est notre réseau de santé primaire ou tous les professionnels de santé, médecins, infirmiers appartiennent au système public. Cela signifie un réseau national, très peuplé. Pour organiser et gérer toute cette activité nous avons mis en place un système d’information unique. Par exemple, pendant la pandémie, nous avons pu mettre en œuvre des consultations vidéos, des consultations téléphoniques, par l’intermédiaire de ce réseau.

Enfin pour nous l’innovation n’est pas seulement une chose à améliorer, c’est une nécessité ! Nous avons un bon système de santé comme le vôtre mais ce système n’est pas viable d’un point de vue économique et qualitatif. Nous avons donc besoin de la technologie pour faire plus, faire mieux, et probablement avec moins de ressources. Cela signifie que nous devons déployer la technologie efficacement.

La Fondation TIC Salut, gère et coordonne les principaux projets de transformation numérique du département de la santé Catalan. Dans ce cadre nous avons élaborer un plan avec 4 grands axes :

  • L’élaboration d’un programme spécifique pour l’intelligence artificielle : Sur ce sujet nous estimons que l’administration publique a une grande responsabilité pour définir et identifier les besoins de santé que nous voulons résoudre. Notre principale responsabilité en tant qu’administration est dans un premier temps d’identifier et de voir si nous voulons résoudre, par exemple, la rétinopathie ou l’interprétation thoracique ?
  • Faciliter le développement des solutions : nous mettons de l’argent sur la table. Nous souhaitons développer en tant qu’administration publique des projets favorables à notre réseau, à notre économie et à nos centres de recherche.
  • Mettre en place des données : Elles sont primordiales car il est impossible de construire de bons systèmes, de bons algorithmes sans données. Aujourd’hui nous utilisons des algorithmes qui ont été construits avec nos données.
  • L’évaluation : Nous voulons évaluer n’importe quel système avant de l’implémenter dans notre réseau, et c’est peut-être cet axe qui est le plus important dans notre stratégie.

 

« Sur le sujet de l’intelligence artificielle l’administration publique a une grande responsabilité pour définir et identifier les besoins de santé que nous voulons résoudre »

Vous avez aussi un deuxième axe concernant les outils digitaux pour le suivi des patients à domicile ?

Le gouvernement est en train de créer une agence spécifique, une agence intégrée pour le social et la santé. Nous voulons déployer dans les territoires des équipes du social et de la santé pour assister et prendre soin des personnes à domicile d’une manière intégrée, sans dépendre d’assistance médicale ou sociale. Nous voulons « aller vers » le citoyen en équipe pour mettre en œuvre des plans personnalisés et individualisés. Pour ce faire, nous avons surtout besoin de technologie, non seulement pour monétiser certains éléments, mais aussi pour organiser et coordonner l’équipe autour des besoins du patient. C’est le deuxième grand projet que nous finançons actuellement.

Vous pouvez nous donner des exemples concrets de ce que vont faire ces équipes médicales et sociales ?

Nous allons déployer de nouveaux systèmes pour ces équipes qui sont composée de médecins, d’infirmières, de travailleurs sociaux, d’éducateurs, du patient et de ses proches. Il nous faut des outils pour que les membres de ces équipes puissent communiquer entre eux. La deuxième chose consiste à partager les informations médicales et sociales avec l’équipe. Les membres de l’équipe sociale n’ont pas accès aux informations médicales et le médicale n’a pas accès aux informations sociales. Il nous faut un outil pour intégrer toutes ces informations.

Enfin, nous avons besoin d’un outil pour créer un aperçu de cette personne et un plan intégré unique d’actions à mettre en place pour ce patient. Nous essayons de développer ces outils et de les mettre en œuvre dans le cadre de ce projet.

Combien de temps vous vous donnez pour développer ces outils qui vont allier le médical et le social ?

Il s’agit de projets pour cette année (2023) et l’année prochaine. Nous donnons des financements aux territoires pour commencer à travailler. Notre rôle est de leur fournir aussi des outils et des solutions pour travailler de manière intégrée. Nous commençons, nous verrons mais l’argent est là.

Vous avez aussi un troisième axe pour développer une plus grande digitalisation de l’information médicale du patient alors que vous semblez déjà en avance sur ce sujet ?

Nous avons un grand problème en Catalogne. En tant que citoyen, j’ai accès à mes informations médicales et l’administration publique me donne accès à mes consultations, à mes résultats de laboratoire, à mes vaccins, à mes diagnostics, etc. Si j’appartiens au secteur privé, et que j’utilise le secteur privé, il me donne également accès à mes informations, mais ces deux secteurs ne communiquent pas entre eux. Nous avons essayé de les faire communiquer au cours des dix dernières années, mais c’était impossible. Pourtant techniquement c’est très facile. Nous avons donc décidé de ne plus essayer de faire communiquer le privé et le public et de donner directement l’information au patient. C’est lui qui « coordonnera » en quelque sorte le public et le privé. Ce projet nous l’avons lancé sous le nom de « Blue Button ». Ainsi, en tant que citoyen, je peux appuyer sur le bouton bleu de mon dossier médical public personnel, et je peux le télécharger d’une manière structurée avec qui je veux. C’est moi qui décide.  Maintenant, nous essayons de faire la même chose avec le secteur privé et les obliger à développer un bouton bleu.

” Nous avons essayé de faire communiquer ces deux systèmes, le privé et le public, au cours des dix dernières années, mais c’était impossible. Pourtant techniquement, ce n’est pas si difficile, c’est même très facile »

Quels sont pour vous les facteurs de succès qui vous permettent de mener à bien ces projets dans un temps assez court ?

Ce ne sont pas les ressources. L’essentiel, c’est la vision et d’établir les objectifs qu’on veut atteindre et mettre la technologie et les ressources dans ce sens, pas l’inverse !

Et au niveau de la gouvernance comment cela fonctionne ?

Nous avons un système national de santé et nous avons besoin d’une plateforme de santé nationale pour gérer ce système national. Et cela implique une vision, une stratégie et des ressources.

« L’essentiel, c’est la vision et d’établir les objectifs qu’on veut atteindre et mettre la technologie et les ressources dans ce sens, pas l’inverse ! »

 

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