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Les ambitions de YouTube dans la santé

Dans le paysage numérique actuel, YouTube se positionne de plus en plus comme une source d’information sur la santé. Avec des millions de personnes cherchant des réponses à leurs questions de santé, la plateforme s’est engagée à fournir un accès à des contenus de qualité, provenant d’experts reconnus dans le domaine de la santé. Comment YouTube valide, classe, trie et surveille les vidéos santé ? Comment sont traitées les vidéos qui émanent d’organisations privées ? Quid des vidéos des influenceurs ? YouTube est-il armé pour être un acteur majeur de la prévention santé ? Le Dr Vishaal Virani, directeur de YouTube Santé au Royaume-Uni et en Irlande a répondu à nos questions lors de la 17ème édition de l’Université de la e-santé.

Dans le paysage numérique actuel, YouTube se positionne de plus en plus comme une source d’information sur la santé. Avec des millions de personnes cherchant des réponses à leurs questions de santé, la plateforme s’est engagée à fournir un accès à des contenus de qualité, provenant d’experts reconnus dans le domaine de la santé.

Comment YouTube valide, classe, trie et surveille les vidéos santé ? Comment sont traitées les vidéos qui émanent d’organisations privées ? Quid des vidéos des influenceurs ? YouTube est-il armé pour être un acteur majeur de la prévention santé ?

Le Dr Vishaal Virani, directeur de YouTube Santé au Royaume-Uni et en Irlande a répondu à nos questions lors de la 17ème édition de l’Université de la e-santé.

Dr Vishaal Virani« La beauté de YouTube réside dans le fait que l’on y trouve un éventail de perspectives différentes provenant de différents types d’individus et d’organisations »

YouTube est un média extrêmement puissant avec de nouvelles ambitions dans le domaine de la santé. Quelles sont ces ambitions que vous souhaitez développer ?

Comme vous l’avez dit en introduction le monde entier est sur YouTube et, de plus en plus, les gens essaient d’accéder à des informations sur la santé sur YouTube, que ce soit à titre préventif ou parce qu’on leur a diagnostiqué une maladie et qu’ils veulent en savoir plus. Ils sont sur le point de subir une opération et veulent voir à quoi elle pourrait ressembler. Nous avons donc travaillé d’arrache-pied pour faire de YouTube une destination crédible pour des informations de qualité sur la santé, émanant d’experts en la matière. Nous travaillons donc en étroite collaboration avec des sources faisant autorité. Au Royaume-Uni, nous travaillons en étroite collaboration avec les organisations du NHS et avec des professionnels de la santé. Nous proposons également quelques fonctionnalités qui facilitent la recherche d’informations de qualité sur la santé auprès des experts. Ainsi, si vous recherchez un sujet relatif à la santé sur YouTube, en France, au Royaume-Uni et dans d’autres pays, vous verrez, en haut des résultats de recherche, une étagère étiquetée “sources de santé”, qui contient des vidéos provenant spécifiquement de sources faisant autorité.

Ces vidéos seront accompagnées d’un petit panneau d’information indiquant qu’elles émanent d’un professionnel de santé agréé, d’une infirmière agréée ou d’une organisation disposant d’un professionnel de la santé agréé. Nous essayons donc de faire entendre ces voix d’experts et de montrer clairement aux téléspectateurs que c’est une voix d’expert qu’ils entendent.

« Nous avons travaillé d’arrache-pied pour faire de YouTube une destination crédible pour des informations de qualité sur la santé »

Si je cherche une vidéo santé sur YouTube je vais avoir différentes vidéos qui vont apparaitre et qui ont été validées par YouTube ?

Oui, elles ont été validées au niveau de la source. Nous suivons ensuite différents processus pour vérifier et contrôler les vidéos individuelles, mais au niveau de la source, nous essayons d’aider le spectateur à identifier ce qu’est une voix d’expert en santé. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a que des voix d’experts en santé sur YouTube. Je pense que la beauté de YouTube réside dans le fait que l’on y trouve un éventail de perspectives différentes provenant de différents types d’individus et d’organisations, et cette essence de YouTube n’a pas changé. Il est donc toujours possible de voir tout ce spectre d’informations, mais nous essayons simplement d’orienter les utilisateurs vers le contenu d’experts en matière de santé. Je pense que cela peut être un bon point de départ lorsque les gens veulent s’informer sur un sujet de santé et qu’ils souhaitent ensuite explorer, par exemple, les expériences vécues d’une personne atteinte de cette maladie, et cela peut alors ne pas être classé, à nos yeux, comme une voix d’expert en santé, mais c’est toujours une voix incroyablement importante et précieuse à écouter.

« Il s’agit d’un exercice d’équilibre et je pense qu’on ne peut jamais contenter tout le monde, mais nous essayons de faire de ce site un endroit sûr et cliniquement précis pour accéder à des informations sur la santé, dans la mesure de nos possibilités »

Comment cette mécanique va marcher concrètement ? C’est un tri de manière manuel ? C’est l’algorithme de YouTube qui s’occupe de tout ?

C’est une combinaison. Il y a ce que nous appellerions des zones de sécurité pour le contenu, par exemple, les organisations du NHS où nous pouvons avoir confiance qu’elles créent des informations de haute qualité. En France des organisations qui travaillent avec le Ministère de la Santé et plusieurs autres grands hôpitaux en France par exemple… nous pouvons considérer ces zones comme sûres et nous n’avons pas à nous inquiéter autant et à vérifier de la même manière le contenu. Mais pour tout le contenu téléchargé sur YouTube, nous essayons d’évaluer chaque vidéo téléchargée sur la plateforme. En ce qui concerne plus particulièrement les contenus relatifs à la santé, il s’agit d’une combinaison de médecins humains et d’algorithmes qu’ils contribuent à former afin d’identifier les vidéos susceptibles d’être des informations erronées. Nous disposons donc d’une série de directives que nous appelons “axées sur les sujets de santé”.

En cas de violation de l’une de ces directives, le contenu est immédiatement retiré de la plateforme, généralement avant même qu’il n’ait été visionné.

Il y a ensuite une autre catégorie que nous appellerions le contenu de moindre qualité ou de moindre crédibilité. C’est la zone grise. Il s’agit de contenus émanant de personnes non expertes, qui ne reposent pas sur des données probantes, mais qui ne sont pas nécessairement des informations erronées. Il s’agit simplement d’un point de vue différent. Nous pourrions alors réduire la visibilité de ce contenu dans les résultats de recherche au profit du contenu provenant d’experts en santé, mais nous ne supprimerions pas ce contenu. Il s’agit donc d’un exercice d’équilibre et je pense qu’on ne peut jamais contenter tout le monde, mais nous essayons de faire de ce site un endroit sûr et cliniquement précis pour accéder à des informations sur la santé, dans la mesure de nos possibilités.

Comment on traite par exemple les laboratoires pharmaceutiques qui sont aussi des annonceurs privés pour YouTube ?

Oui, c’est un sujet pour lequel nous essayons actuellement d’identifier la meilleure solution, parce que je pense qu’il y a certainement des défis à relever lorsque vous essayez de vous engager avec ces organisations qui essaient peut-être de vendre un produit ou un service par le biais du contenu qu’elles créent sur YouTube. Mais également, je pense que nous avons besoin de cette industrie pour nous aider dans notre mission de soins de santé, il y a beaucoup de valeur pour certains de ces contenus, créés par ces organisations parce qu’elles ont l’expertise en interne. Par exemple, les entreprises pharmaceutiques disposent d’experts, ont pour mission et pour objectif d’améliorer la santé de la population et disposent des ressources nécessaires pour créer un contenu de grande qualité. Par exemple, les sociétés pharmaceutiques, les sociétés d’appareils médicaux, les compagnies d’assurance santé ne peuvent pas être qualifiées de sources validées d’experts. Mais nous cherchons des moyens de les intégrer dans le groupe YouTube Health.

« Je pense que nous disposons d’un grand potentiel pour soutenir nos objectifs en matière de soins de santé dans chaque pays, au niveau local, régional et mondial »

Je pense qu’ils peuvent apporter une grande valeur ajoutée, mais nous devons veiller à ce qu’ils ne fassent pas la promotion de leurs services et de leurs produits.

Il s’agit donc d’un exercice d’équilibre que nous devons essayer de trouver.

Quid des influenceurs ? Il y’en a qui sont indépendants, d’autres rémunérés, d’autres qui ont des regards différents sur les pathologies… Comment vous pouvez les classer ?

En décrivant cela, vous pouvez voir les défis auxquels nous sommes confrontés en tant que YouTube, n’est-ce pas ? Et nous ne sommes pas les seuls, toutes les autres entreprises de médias sociaux sont confrontées à des défis similaires. Pour essayer de répondre à votre question avec les différents groupes dont vous avez parlé, je pense que le premier groupe est une force positive très puissante sur YouTube. Et nous l’avons fait. Si vous recherchez un terme tel que “vivre avec un cancer” ou “comment faire face à une dépression”, vous verrez peut-être apparaître une rubrique “histoires personnelles” qui mettra en avant des contenus provenant de profanes, de personnes souffrant de cette maladie. Ce service est actuellement disponible aux États-Unis, mais nous envisageons de l’étendre à d’autres pays.

Pour le deuxième groupe qui pourrait travailler avec des sociétés pharmaceutiques nous demandons à chaque fois que vous téléchargez une vidéo, si elle a été financée par une organisation. Si c’est le cas vous devez le déclarer et il y aura donc une petite étiquette en haut de la vidéo indiquant qu’il s’agit d’une promotion payée et pour votre troisième groupe, qui a un éventail d’opinions différentes.

C’est donc un défi. Et bien sûr, pendant la pandémie, nous avons été confrontés à de multiples défis, mais avec cette combinaison de médecins et d’algorithmes, nous essayons de devenir de plus en plus sophistiqués dans l’identification des sources de désinformation, même lorsqu’elles proviennent d’experts en santé. Nous disposons ensuite d’un système qui nous permet d’essayer de retirer cette vidéo et, à un moment donné, de retirer entièrement cette source de la plateforme.

Vous pensez que les GAFA sont des acteurs armés pour faire de la prévention santé ?

Oui, tout à fait. Je pense que nous disposons d’un grand potentiel pour soutenir nos objectifs en matière de soins de santé dans chaque pays, au niveau local, régional et mondial. Je pense qu’il y a deux ou trois choses auxquelles nous devons être attentifs. Tout d’abord, je pense que les organisations qui commencent à s’impliquer de plus en plus dans les soins de santé doivent avoir des cliniciens et des experts en santé au sein de leur équipe pour les aider à développer l’offre qu’ils essaient de mettre en place dès le premier jour. Je pense que ce n’est pas toujours le cas, que ce soit dans les petites entreprises en phase de démarrage ou dans les grandes organisations industrielles. Et je pense qu’il est extrêmement important que nous essayions d’insuffler cette expertise clinique. Si vous arrivez en tant que Google ou Microsoft et que vous dites que nous savons mieux faire les choses que vous en tant que système de santé que nous allons complètement transformer et redéfinir le système de santé, cela ne fonctionnera pas parce que la santé, comme nous en avons longuement discuté ce matin, est très différente des autres industries. Il y’ a beaucoup de nuances, beaucoup de bizarreries, beaucoup d’aspects inhabituels que vous devez, je pense, respecter si vous voulez réussir dans l’industrie de la santé.

Je pense donc qu’il faut plus de temps pour mettre ses innovations sur le marché dans le secteur de la santé que dans d’autres secteurs. Des entreprises comme Microsoft et Google doivent donc être très patientes dans ce secteur si elles veulent réussir.

De manière concrète : comment vous traitez un challenge sur YouTube pour arrêter le sucre réalisé par un influenceur. Comment vous la traitez cette vidéo ? C’est de la prévention ? De la santé ?

Jusqu’à présent, nous nous sommes concentrés sur le thème de l’éducation à la santé, donc sur les conditions de santé, mais je pense qu’il existe un potentiel d’impact positif presque plus important sur YouTube, sur la santé, avec les types de domaines dont vous parlez autour du contenu nutritionnel, du contenu sur la forme physique et du contenu sur le bien-être mental et physique. C’est un secteur complexe, car je pense qu’on ne peut pas dire que seul un professionnel de la santé a le droit de donner des conseils. Je pense qu’il existe un large éventail d’organisations et d’individus qui jouissent d’une bonne crédibilité. L’autre aspect intéressant est qu’ils sont potentiellement plus engageants que les organisations publiques. Et l’engagement est important sur YouTube. Il ne sert à rien de dire que vous êtes l’expert mondial en matière de diabète et de fournir un certain type de contenu, car personne ne le regardera. Il faut aussi quelqu’un de très divertissant devant la caméra. Il faut donc trouver un équilibre entre la crédibilité, l’exactitude, mais aussi le divertissement et l’engagement.

 

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